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Manager avec le cœur : vers une performance plus juste

19 décembre 2025
Manager avec le coeur par Nicolas d'Hueppe

Alors que les organisations connaissent des transformations rapides et que les équipes recherchent davantage de sens, une nouvelle manière de diriger émerge : manager avec le cœur. Ce n’est ni une méthode douce ni une posture naïve. C’est une approche exigeante, qui remet l’humain au centre et redéfinit la manière d’envisager la performance.

Le parcours de Nicolas D’Hueppe, entrepreneur à succès et auteur de 53 MINUTES – Survivre et renaître, offre une perspective particulière sur le sujet. Un arrêt cardiaque de 53 minutes et les séquelles neurologiques qui ont suivi l’ont contraint à quitter son rôle de CEO. Cet épisode brutal a marqué le début d’un cheminement intérieur qui a profondément transformé sa vision du leadership.

Passionné par l’entreprise, il a changé de siège : du rôle de pilote, il est passé à celui de copilote. Aujourd’hui, il accompagne des dirigeants en quête d’une “performance juste” ; une démarche qu’il incarne au sein de Cœur 53. Son ambition n’a pas disparu, elle a évolué. Lui qui cherchait autrefois à “être le héros” préfère désormais fabriquer des héros.

Voici les enseignements clés qu’il partage pour manager avec le cœur.

Manager avec le cœur : redonner une place centrale à l’humain

L’humilité, un point de départ incontournable

Tout commence par une prise de conscience radicale : notre finitude.

L’expérience de Nicolas lui a rappelé une vérité que notre société préfère éviter :

« Vivre, c’est se préparer à mourir. »

Cette confrontation rend l’humilité inévitable. Elle ramène chacun à sa juste place, loin des illusions de toute-puissance que peuvent nourrir l’ego ou les ambitions. Elle recentre sur l’essentiel et crée l’espace nécessaire à une écoute authentique, de soi et des autres.

« En acceptant sa finitude, on fait un exercice d’humilité… Et en ayant cette posture humble, on est plus enclin à écouter son cœur. »

Manager avec le cœur commence donc par renoncer au fantasme de tout contrôler. L’humilité devient un repère intérieur pour prendre du recul et discerner ce qui est juste.

Explorer ses moteurs profonds

Diriger c’est comprendre ce qui nous met en mouvement.

Nos choix, notre rapport à la performance ou à la réussite sont influencés par des expériences fondatrices : un besoin de reconnaissance, des blessures d’enfance, des modèles intériorisés. Sans un travail d’exploration, ces moteurs inconscients conduisent nos décisions à notre place.

Nicolas en parle avec lucidité. Avant son accident, il avançait porté par l’adrénaline et une posture de “héros”. Une énergie puissante, mais parfois déconnectée de ce qui était juste pour lui.Explorer ses moteurs d’engagement permet de distinguer ce qui nous anime profondément de ce qui relève de mécanismes hérités. Un outil comme map & match apporte une lecture objective de ces ressorts : il révèle les moteurs naturels et offre un cadre pour ajuster son leadership.

L’inspiration née de l’alignement

Les discours sur les “leaders inspirationnels” abondent ; Nicolas en propose une lecture différente : l’impact d’un dirigeant vient de la cohérence entre son histoire et le message qu’il porte.

Sur scène, il commence parfois par un silence, puis une phrase : « Bonjour, je suis mort 53 minutes. »

La sincérité crée l’écoute sans artifice. Au-delà de l’attention immédiate suscitée, déstabiliser devient une pédagogie puissante à condition qu’elle soit exercée avec respect et consentement.

Manager avec le cœur ne s’oppose pas à l’intelligence du cerveau

L’intuition comme ressource fiable

L’une des séquelles de son accident est une fatigue cognitive imprévisible. Quand son cerveau décrochait, son cœur prenait le relais. Il découvre alors ceci :

« L’intuition est le langage du cœur. »

C’est un langage que nous devons réapprendre car il apporte un discernement étonnamment fiable des situations, sans les filtres mentaux habituels.

Écouter son cœur ce n’est pas renoncer à la rationalité, c’est la compléter. Cette alliance cœur–cerveau ouvre des perspectives différentes et réduit la charge mentale.

La vulnérabilité comme force relationnelle

Manager avec le cœur transforme aussi la manière d’interagir.

Assumer sa vulnérabilité n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de vérité qui crée un espace où chacun peut se montrer tel qu’il est.

« Témoigner de ce que tu es vraiment, j’observe que ça bouleverse les gens et que ça procure une très grande force. »

Un leader qui ajuste sa posture en parlant sincèrement de ses limites, invite les autres à faire de même. Cette authenticité renforce la confiance, facilite les échanges et favorise les conditions d’une relation juste.

Le coaching : un pilier discret mais essentiel pour manager avec le cœur

Manager avec le coeur

Le rôle du copilote : un regard externe qui libère le dirigeant

Être dirigeant, c’est souvent avancer seul face à ses doutes. Le coaching devient alors un soutien stratégique.

« Quand on est sur le siège du copilote, on voit les choses. On n’est ni émotionnellement concerné, ni financièrement engagé. »

Un regard externe met en lumière ce que le dirigeant ne perçoit plus sous la pression. Une question bien formulée peut dissoudre des blocages énergivores.

Dans une culture où être accompagné est encore associé à une fragilité, Nicolas rappelle que les champions gagnent grâce à la préparation de leur coach. Les dirigeants auraient tout intérêt à normaliser ce soutien.

La présence humaine comme espace de vérité

Tout commence par une présence.

« Juste être là et écouter, c’est déjà énorme. »

Une écoute sincère, dénuée d’enjeux, permet au dirigeant de dire ce qu’il n’ose dire nulle part ailleurs. C’est un espace où la vulnérabilité et la vérité peuvent émerger. Ce soutien l’aide à clarifier ce qui est juste pour lui et à reconnecter ses choix à ce qui a du sens.

La première mission du leader est d’aller bien. Car un dirigeant qui va bien donne une chance à son organisation d’aller bien. À l’inverse, un dirigeant qui va mal entraîne son organisation dans la chute.

Structurer les décisions du cœur

Manager avec le cœur ne signifie pas décider à l’instinct. Une décision juste part souvent de l’intuition mais doit être examinée et structurée.

« À la fin, le dirigeant prend une décision qui est appuyée sur son cœur, qu’on a pu structurer et argumenter. »

L’accompagnant aide à explorer vocation, motivations profondes, zones de résistance, cohérence entre identité et trajectoire. Son rôle n’est jamais de décider à la place du dirigeant, mais de l’aider à clarifier ce qui résonne en lui et pourquoi.
Un outil comme map & match complète ce travail en mettant “du cerveau dans le cœur”. Il permet notamment d’objectiver une décision en s’appuyant sur les appétences, ces repères positifs liés à ce que dit le cœur.

Manager avec le cœur à l’échelle collective

Manager avec le coeur

Le cœur collectif : un moteur de résilience

Une équipe devient solide lorsqu’elle partage quelque chose qui dépasse les intérêts individuels. Nicolas raconte l’histoire d’un collectif en grande difficulté financière, où chacun a accepté de réduire temporairement son salaire pour permettre à l’entreprise de survivre. Un geste rare, rendu possible par un lien humain profond.

« Ils se sont assis sur quelques milliers d’euros pour sauver la boîte. Le lien de fraternité qu’ils ont créé et l’aventure qu’ils ont vécue, je pense qu’ils en parleront à leurs enfants et leurs petits-enfants. Et finalement, le retour sur investissement était très bon. »

Cet élan ne naît jamais du simple devoir professionnel. On ne fait pas un tel effort pour “la boîte”, on le fait pour des personnes et pour une aventure partagée. C’est le cœur qui rend possible cette forme de solidarité. C’est lui qui donne envie de se battre ensemble, même dans l’inconfort.

« La loyauté à une organisation, ce n’est pas ton cerveau, c’est ton cœur. »

Dans les moments critiques, ce cœur collectif devient un point d’ancrage. Il stabilise l’équipe et crée la confiance bien plus que n’importe quel process.

Les indicateurs invisibles sont essentiels

Les entreprises mesurent ce qui est visible : marge, productivité, effectifs. Pourtant, les dynamiques qui font vraiment tenir une équipe échappent aux tableurs.

Les “KPIs du cœur” prennent d’autres formes :

  • capacité à s’entraider,
  • volonté de traverser ensemble les périodes difficiles,
  • plaisir de collaborer,
  • fierté d’appartenir à un collectif.

Ces indicateurs sont moins visibles, mais ils sont décisifs. Ils représentent la vitalité d’un collectif bien plus que n’importe quel KPI financier.

À l’inverse, les organisations centrées uniquement sur la performance immédiate finissent souvent par s’épuiser : départs successifs, perte de sens, démotivation, usure générale… Les résultats peuvent être flatteurs à court terme, mais la valeur diminue au fil du temps, car l’organisation se vide de ce qui la rend vivante.

Les collectifs qui cultivent le cœur construisent une performance plus durable et plus résiliente.

La responsabilité du leader

Le cœur collectif ne naît pas spontanément : il se construit, et le dirigeant joue ici un rôle décisif.

Son écoute, sa manière de gérer les tensions, son rapport à la confiance, ses réactions dans les moments difficiles… Tout cela crée un cadre qui influence la façon dont l’équipe va se comporter.

Nicolas évoque le cas d’un grand groupe pharmaceutique qui a choisi de remettre le cœur au centre de sa stratégie de performance. À la fin d’un séminaire réunissant 250 collaborateurs, organisé autour du thème “De la performance au cœur”, il a constaté une énergie très positive : des équipes souriantes, disponibles, engagées dans les ateliers et manifestement heureuses de vivre l’expérience ensemble. Cette dynamique, soutenue par une direction générale qui assume pleinement cette orientation, s’accompagne de résultats chiffrés tangibles, confirmant qu’une culture fondée sur le cœur peut devenir un levier de performance.

Pour lui, la conclusion est claire : le cœur n’est pas un frein à la performance, c’est son moteur profond.

Conclusion – Manager avec le cœur : une exigence nouvelle pour une performance durable

Ce témoignage nous enseigne que manager avec le cœur n’est ni un concept naïf ni un slogan. C’est une manière lucide et durable d’exercer le rôle de leader.

Les organisations qui prennent en compte le cœur sont aussi celles qui construisent les performances les plus robustes.

Cette vision dépasse le cadre du management, elle touche à l’avenir même du leadership. À l’heure où l’intelligence artificielle progresse et automatise une part croissante des tâches, la singularité du leader de demain ne viendra plus de sa capacité analytique, mais de sa capacité à inspirer et donner de l’énergie.

Comme il l’exprime avec simplicité :

« Ce qui va nous distinguer des machines, c’est notre capacité humaine à inspirer des équipes, à emmener des projets, à donner de l’énergie. Alors soyez des cœurs connectés. »

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