La période de crise a transformé la place du management et le rôle du manager dans les organisations. Le rôle du manager devient central afin de maintenir, pour chaque collaborateur, le lien entre le travail et l’entreprise. Comment le manager de demain peut-il assurer cette continuité tout en maintenant un niveau de performance élevé pour l’entreprise ? Quelles sont les évolutions et les enjeux du management de demain ?
Dans ce contexte, nous avons interrogé Drifa Ouahmed-Choulet, fondatrice de Le Premier Jour et partenaire certifiée map & match. Ancienne banquière d’affaires, elle met désormais son expertise d’Executive Coach au service des entreprises, pour accompagner managers et dirigeants, ainsi que leurs équipes.
Comment voyez-vous le rôle du manager aujourd’hui ? Et comment devra-t-il évoluer demain ?
Durant cette dernière année, il y a eu – à mon sens – une mise en évidence du fait que la fonction de manager est une fonction à part entière, dissociée, et venant en plus, d’un rôle plus opérationnel. Par conséquent, il apparaît de plus en plus clairement qu’il est indispensable d’être formé et accompagné dans ce rôle car devenir manager ne s’improvise pas !
Prendre la mesure de cette fonction managériale est quelque chose que les managers sont progressivement en train d’intégrer, ce qui implique notamment de prendre le temps de réfléchir à ce que signifie être manager. A cet égard, le coaching, soutenu par des outils appropriés, offre un espace de prise de recul qui permet aux managers d’avoir une meilleure appréhension de leur rôle et de leur « ADN » de manager.
Plus globalement, les modes de travail sont en pleine révolution. On a probablement vécu en 1 an des changements qui auraient pris 10 ou 15 ans s’il n’y avait pas eu la crise. Dans ce contexte, le rôle du manager de demain s’avère crucial pour accompagner ces évolutions qui impactent grandement la manière dont on fait travailler ensemble un collectif.
Cela ne va pas de soi d’évoluer dans son rôle de manager parce que ça remet en cause des habitudes, des modes de pensées qui sont très ancrés. La capacité à manager par par la confiance et par les objectifs (par opposition à un management par le contrôle, qui caractérisait un grand nombre d’organisations) est un des changements attendus aujourd’hui d’un manager.
Pour permettre un telle évolution dans le rôle du manager de demain, les organisations elles-mêmes doivent évoluer vers une volonté de donner plus d’autonomie à leurs collaborateurs mais elles doivent également insister davantage sur la transmission du sens de l’entreprise, de la vision, de la stratégie…tout en apportant également une reconnaissance plus grande des talents individuels et de leur contribution à la performance collective et à la création de valeur.
Est ce qu’il y a des différences ou spécificités au management selon la taille, le contexte et les enjeux de l’entreprise (indépendamment du secteur) ?
Bien sûr, tout dépend de la taille, des contextes propres à chaque organisation, de la culture d’entreprise, des enjeux mais aussi de la nature de l’équipe. Le manager de demain se doit de s’adapter à tous ces éléments et de poser un cadre managérial adapté/ajusté à l’équipe et à l’activité dont il a la charge. Quelque soit le contexte, il est essentiel pour le manager de demain de savoir naviguer de manière fluide entre différents styles de management qui permettront de mener le collectif de manière optimale, afin de créer la valeur attendue, selon les enjeux propres à chaque organisation.
Quel conseil donneriez-vous si vous deviez réinventer les méthodes du manager de demain ?
Il me paraît essentiel avant tout de prendre la mesure de l’importance du rôle du manager demain. Ainsi, aspirer à devenir manager uniquement parce que c’est une « suite logique » d’un parcours professionnel ne me paraît par être une raison suffisante ! Il convient d’interroger les motivations de chaque personne aspirant à mener un collectif. Par ailleurs, il est important de se souvenir qu’être manager ça n’est pas seulement « faire faire » mais amener un collectif à faire dans le plaisir (osons le dire !) et la reconnaissance de la contribution de chacun…
Enfin, et cela peut sembler particulièrement difficile à notre époque où l’injonction de l’urgence envahit le quotidien, de repenser la fonction managériale à l’aune d’un temps plus long ; ce temps propice à la réflexion, au recul, au feedback et qui in fine, présente la vertu de projeter les individus et les organisations vers plus de pérennité et de durabilité.